Du Lampy à Arfons
Niché au cœur d’une vaste forêt, le bassin du Lampy allie nature, loisirs et génie
de l’homme. Ce lac construit à la fin du 18ème siècle siècle fait partie du réseau
artificiel d’alimentation du Canal du Midi.
Le bassin du Lampy est un lac artificiel contruit sur le lit du ruisseau Lampy par
l’ingénieur Garipuy entre 1777 et 1782 à 643 mètres d’altitude.
Sa conception est directement liée au besoin d’eau supplémentaire provoqué par
l’aménagement du canal de Jonction connectant le canal du Midi avec la Robine.
Classé par l’UNESCO en 1996 en même temps que le Canal du Midi, la digue de granit
mesure 133m de long pour 16 m de hauteur. Elle est épaulée par 10 contreforts
et retient 1 672 000 m3 d’eau pour 23 ha de superficie.
Cette retenue supplante un ancien bassin de décantation créé par Pierre-Paul
Riquet au lieu-dit "Lampy-Vieux".
La vaste forêt qui l’entoure regorge de chemins de tous types dont le GR7 et les
voies de service longeant le cours d’eau jusqu’à la Rigole de la Montagne.
Le bassin du Lampy est situé sur le versant sud de la partie occidentale de la
Montagne Noire, au sein du département de l'Aude.
Il se trouve en amont de la vallée du Lampy, sur l'emplacement du ruisseau du
même nom, dans la commune de Saissac.
La première mention de l’existence du village d'Arfons daterait de l’an 931, Hughes
le Grand, se montra très généreux pour le monastère de Malast (aujourd’hui
Montolieu) et lui fit don de plusieurs villages malgré l’opposition de l’abbé d’Orfonds.
A la fin du 10ème siècle et au 11ème siècle, le village d’Orfons et son petit établissement
vivent, sans doute et sans grande certitude, repliés sur eux-mêmes. On peut penser
sans en avoir une preuve formelle qu’il devait s’agir d’une implantation bénédictine.
Vers 1150, l’ancien établissement et son territoire vont être cédés aux Hospitaliers de
Saint Jean de Jérusalem. Ce territoire érigé en sauveté (salvetat) et limité par des
croix de pierre qu’on retrouve encore dans certaines portions de la contrée.
Fin du 12ème, des conflits successifs opposent les comtes de Toulouse et les Trencavel
suivis par le début de la croisade contre les Albigeois (1209) ne permettent pas la
continuité de l’implantation. Il faut attendre 1237 pour que les terres de la sauveté,
usurpées par des seigneurs voisins (Puylaurens et Dourgne) soient restituées à
leurs propriétaires.
Dès la fin du 13ème siècle en 1298, les dominicaines du monastère de Prouilhe
possèdent la totalité de la forêt de Ramondens aux limites des propriétés
Hospitalières. Il devient nécessaire, pour la paix des deux communautés, de
borner leurs limites communes ce qui sera fait de 1298 à 1320.
La première partie du 14ème siècle fut une période d’expansion et d’abondance. Un
précieux document daté de 1340, rédigé en son temps par le prieur dominicain
Pierre Gui décrit la grange de Ramondens, son personnel et ses activités.
Tout change bientôt, les années noires arrivent : la grande peste de 1348, la
guerre de cent-ans et la chevauchée du Prince Noir en 1355 qui dévaste la contrée.
Puis surviennent les guerres de religion qui de 1562 à 1598 mettent à mal la région.
Elles ont opposé les catholiques et les protestants, et forment une suite ininterrompue
de sièges, de courses, de sacs de villes, de massacres et de trêves. Les chroniqueurs
de cette époque mentionneront souvent Arfons.
En raison de l’édit de Nantes (1598), une paix précaire est intervenue, mais on
imagine l’état dans lequel devait se trouver le village en cette fin de 16ème siècle.
Pendant plus de trois siècles un conflit larvé a opposé Notre-Dame de Prouilhe et la
seigneurie de Saissac au sujet des limites de Ramondens.
Au tout début du 17ème siècle, et va aboutir à une procédure qui donnera encore
une fois raison dans ses prétentions au monastère de Prouilhe ; les Seigneurs et
les habitants de Saissac seront non sans mal déboutés. En novembre 1609,
vérification des bornages et pose de nouvelles bornes.
Le siècle de Louis XIV fut porteur de grands bouleversements pour Arfons. En premier
lieu un édit Royal décida du creusement du Canal du Midi et bien sûr des rigoles
permettant son alimentation en eau.
1665, creusement de la rigole d’essai qui mène les eaux de la Galaube à Naurouze.
1666, l’expérience étant concluante, le Roi et Colbert autorisent la création
de cette nouvelle voie de navigation par l'édit royal du 7 octobre 1666.
Le captage des eaux de l’Alzeau et le départ de la rigole alimentant le canal du Midi se
trouvent en limite de la forêt de Ramondens sur l’actuelle commune d’Arfons ainsi que
les premiers kilomètres de la rigole d’essai.....
....dans les possessions du monastère dominicain de Prouilhe, qui restera propriétaire
de la forêt jusqu’en 1792 lors de la nationalisation des biens du clergé à la révolution.
Mais la vie de cet espace forestier ne s’arrêta pas là, Napoléon Bonaparte en avait
fait une sénatorerie en 1803.
Les Eaux et Forêt et ensuite l’ONF prirent en main sa destinée, et la rigole était
devenue un espace de détente que chantaient les poètes.
Le village quant à lui avait pris de l’importance, on y dénombrait près d’un millier
d’habitants, la famille de Contié devint en trois générations au travers du 17ème...
... siècle, propriétaire d’une grande partie des terres d’Arfons, conseiller du Roy et
"maire perpétuel" du lieu.
Le nom s’éteignit par manque d’héritier masculin en 1713. Deux de ses filles se
marieront en 1717, et se partagerons le patrimoine des Contié.
la famille David de Beauregard, dont le fils aîné Alexandre épousera Marie de Contié
(En 1719, Alexandre et Marie offrirent à la paroisse la petite cloche qui se trouve
toujours aujourd’hui dans le clocher de l’église.)
la famille Monfaucon de Rogles dont un des fils, Charles -Emmanuel épousera Anne.
Quel est le lien entre la Rigole de la Montagne et le Canal du Midi ? Eh bien, sans la
Rigole, le Canal du Midi, une des principales richesses du Sud-Ouest de la France,
n’existerait pas !
L’ingéniosité de Pierre-Paul Riquet, sous Louis XIV, a permis de construire un ouvrage
d’alimentation exceptionnel pour le Canal du Midi et ainsi permettre à celui-ci d’être
fourni en eau continuellement.
Au départ de la prise d'Alzeau, la Rigole de la Montagne est un édifice prodigieux de
par sa taille et de par l’environnement dans lequel elle a été construite.
Ce canal de 25 km jusqu’à la percée des Cammazes, ou voûte Vauban, a été imaginé
et construit par Pierre Paul Riquet et achevé par Vauban en 1686.
Plus tard, lors de la création de la jonction entre le Canal du Midi et la Canal de la
Robine, permettant de relier Narbonne au système de navigation, le bassin du
Lampy est bâti afin d’alimenter sans faille le Canal du Midi.
La Rigole de la Montagne a pour vocation de capter et déplacer l’eau à travers la
Montagne Noire. Elle rejoint ensuite le Laudot, qui se jette dans le bassin de
Saint-Ferréol, alimentant lui-même la Rigole de la Plaine qui alimentera le Canal du
Midi au niveau du Seuil de Naurouze.
Encore en eau aujourd’hui, ses rives sont propices aux balades bucoliques en sous-bois
au cours desquelles les promeneurs peuvent prendre pleine conscience de la
prouesse technique que la Rigole de la Montagne représente.
Un plat : Bougnette (crépinette de porc au herbes, oeufs et pain).
Un vin : Gaillac rouge ou rosé.