Rocamadour (46)
Rocamadour est un petit village en bord de falaise, au sud du centre de la France
dans le département du Tarn en région Occitanie.
Rocamadour est connu pour sa Cité religieuse, un complexe d'édifices religieux
accessible par le Grand escalier.
Parmi ces bâtiments se trouvent la chapelle Notre-Dame, avec sa statue de la
Vierge noire, et la basilique Saint-Sauveur, d'architecture romane-gothique.
Au cœur du Haut-Quercy comme accrochée à une puissante falaise dominant de 150
mètres la vallée encaissée de l'Alzou, cette cité mariale est un lieu de pèlerinage
réputé depuis le 12ème siècle.
Fréquenté depuis le Moyen Âge par de nombreux « roumieux », anonymes ou
célèbres comme Henri II d'Angleterre, Simon de Monfort, Blanche de Castille, Louis IX
de France, saint Dominique et saint Bernard, (autres figures illustres), y viennent
y vénérer la Vierge noire et le tombeau de saint Amadour.
La cité médiévale, aux ruelles tortueuses, est gardée par une série de portes fortifiées
(porte Salmon, Cabilière, de l'Hôpital, du Figuier). Un escalier monumental, que les
pèlerins gravissaient (parfois à genoux) conduit à l'esplanade des sanctuaires.
Là, se côtoient la basilique Saint-Sauveur, la crypte Saint-Amadour(classées au
patrimoine mondial de l'humanité), les chapelles Sainte-Anne, Saint-Blaise, Saint-Jean
Baptiste, Notre-Dame (où se trouve la Vierge noire, Saint-Louis et Saint-Michel).
Rocamadour serait une forme médiévale qui a pour origine Rocamajor.
Roca désignait un abri sous roche et major évoquait son importance.
Le lieu-dit l'Hospitalet, surplombant Rocamadour, a un nom issu de espitalet qui
signifie petit hôpital en occitan et a pour origine latine hospitalis. Ce lieu d'accueil
fut fondé en 1095 par dame Hélène de Castelnau.
Rocamadour et ses nombreuses grottes abritaient déjà des hommes au paléolithique
comme le montrent les dessins de la grotte des Merveilles. La grotte de Linars et
son porche ont servi de nécropole souterraine et d'habitat à l'âge du bronze.
À l'âge du fer, la région était habitée par le peuple des Caduques. Les restes d'un
village, dans la vallée de la Salvate près de Couzou, ont été retrouvés lors de travaux.
Un oppidum perché sur les hauteurs de la vallée de l'Alzou, en aval de Tournefeuille,
est peut-être lié à la lutte des Gaulois contre les troupes romaines lors de la guerre
des Gaules.
Les trois étages du village de Rocamadour datent du Moyen-Âge, ils reflètent les trois
ordres de la société : les chevaliers au-dessus, liés aux clercs religieux au milieu et les
travailleurs laïcs en bas près de la rivière.
De rares documents mentionnent qu'en 1105 une petite chapelle était bâtie dans un
abri de la falaise au lieu-dit Rupis Amatoris, à la limite des territoires des abbayes
bénédictine Saint-Martin de Tulle et Saint-Pierre de Marcilhac.
En 1112, Eble de Turenne, abbé de Tulle s'installe à Rocamadour.
En 1119, une première donation est faite par Eudes, comte de la Marche.
En 1148, un premier miracle est annoncé. Le pèlerinage à Marie attirait les foules.
La statue de la Vierge noire est datée du 12ème siècle.
Géraud d'Escorailles, abbé de 1152 à 1188, fit construire les édifices religieux,
financés par les dons des visiteurs. Les travaux furent terminés à la fin du 12ème siècle.
Rocamadour bénéficia déjà d'une renommée européenne comme l'atteste le Livre des
Miracles du 12ème siècle écrit par un moine du sanctuaire et reçut de nombreux pèlerins.
En 1159, Henri II, époux d'Aliénor d'Aquitaine vint à Rocamadour remercier la Vierge
pour sa guérison.
En 1166, en voulant inhumer un habitant, on découvrit un corps intact, présenté
comme celui de saint Amadour. Rocamadour avait trouvé son saint. Au moins quatre
récits, plus ou moins teintés de légende, présentèrent saint Amadour comme un
personnage proche de Jésus.
En 1183, Henri le Jeune et son frère Geoffroi, en rébellion contre leur propre frère
Richard Cœur de Lion pénètrent en Poitou et saccagent tout sur leur passage.
Henri pille alors le sanctuaire de Rocamadour, et est emporté par une maladie
foudroyante en quelques jours peu après son méfait.
En 1211, le légat pontifical pendant la croisade des Albigeois, Arnaud Amalric, vint
passer l'hiver à Rocamadour. De plus, en 1291, le pape Nicolas IV accorda trois bulles
d'indulgence d'un an et quarante jours pour les visiteurs du site.
La fin du 13ème siècle voit l'apogée du rayonnement de Rocamadour et l'achèvement
des constructions. Le château est protégé par trois tours, un large fossé et de
nombreux guetteurs.
En 1317, les moines quittent Rocamadour. Le site est alors administré par un chapitre
des chanoines nommés par l'évêque.
Au 14ème siècle, un refroidissement climatique, des famines et des épidémies,
comme la peste noire, ravagent l'Europe.
En 1427, une reconstruction est amorcée, mais sans moyens financiers ni humains.
Un énorme rocher écrase la chapelle Notre-Dame qui est reconstruite, en 1479,
par Denys de Bar évêque de Tulle.
Par la suite, lors des guerres de Religion, le passage iconoclaste de mercenaires
protestants en 1562 provoque la destruction des édifices religieux et de leurs reliques.
Les chanoines décrivent, dans une supplique au pape Pie IV en 1563, les dégâts
causés : "Ils ont, ô douleur! tout saccagé ! Ils ont brûlé et pillé ses statues et ses
tableaux, ses cloches, ses ornements et joyaux, tout ce qui était nécessaire au
culte divin" !
Les reliques sont profanées et détruites, y compris le corps de saint Amadour. Selon
les témoins, le capitaine protestant Bessonie le rompt à coups de marteau de forgeron
en disant : "Je vais te briser, puisque tu n'as pas voulu brûler".
Les capitaines Bessonie et Duras tireront, au profit de l'armée du prince de Condé, la
somme de 20 000 livres de tout ce qui composait le trésor de Notre-Dame depuis
le 12ème siècle.
Au début du 19ème siècle, les sanctuaires de Rocamadour étaient dans un état de
délabrement important, des arbres poussaient dans le grand escalier, la plupart
des commerçants étaient partis.
Trois sanctuaires étaient en service (églises Saint-Sauveur et Saint-Amadour,
chapelle Notre-Dame), deux sont en mauvais état (Saint-Michel et Saint-Blaise),
les deux autres sont ruinés (Sainte Anne et Saint-Jean-Baptiste).
En 1831, Jacques-Antoine Delpon écrivait : "Tout annonce que cet oratoire célèbre
ne subsistera pas longtemps".
Une volonté politique naquit en France pour la conservation des monuments historiques.
Le 13 avril 1830, M. Baumes, préfet du Lot, écrivit une lettre pour demander une aide
urgente au ministre de l'Intérieur. Il y joignit un devis, qui s'élevait à 8 500 francs,
établi en 1822 par l'abbé Caillaux. Cette lettre resta sans réponse.
Une liste des monuments fut dressée pour le Lot, la chapelle de Rocamadour y
apparut prioritaire, mais aucun financement ne fut accordé par l'État ou par la
municipalité de Rocamadour, ruinée par un procès.
Début 1855, monseigneur Jean-Jacques Bardou, évêque de Cahors, eut l'idée de
lancer une grande loterie pour rassembler des fonds. Le ministère de l'Intérieur
imposa comme préalable l'établissement de plans et de devis pour les travaux.
L'architecte départemental réalisa ces documents et évalua la dépense prévisible
Trois tirages eurent lieu : 15 décembre 1856, 30 juin 1857 et 31 décembre 1857.
600 000 billets de 1 franc sont émis, mais la loterie ne rapporta que
84 624,63 francs, soit le quart de la somme nécessaire aux travaux.
L'abbé Jean-Baptiste Chevalt, prêtre architecte et archéologue du diocèse de Montauban,
fut chargé par monseigneur Bardou de la conduite des travaux qui débutèrent en 1858.
En l'absence de financement public et pour éviter de nouveaux retards, l'évêque
refusa de soumettre les travaux au contrôle de la commission des monuments
historiques, d'où d'importantes tensions que tempéra le préfet du Lot.
Les travaux concernèrent toute la cité religieuse et le château. L'abbé Chevalt dut faire
face à de nombreuses difficultés pendant le déroulement du chantier.
À la fin de l'été 1872, les gros travaux de restauration furent terminés.
L'épreuve finale du pèlerinage consistait à gravir à genoux les 216 marches
conduisant à la cité religieuse (qui comprend sept églises, et douze autres que les
restaurations du 19ème siècle n'ont pu relever).
Enfin parvenus à l'intérieur des sanctuaires après cette ascension, les pèlerins
laissaient en ex-voto divers objets. Les plus connus restent les fers de condamnés
libérés de leurs chaînes, les bateaux de marins sauvés et reconnaissants, ou
les plaques de marbre gravées et accrochées au mur de la chapelle aux 19ème et
20ème siècle. L'insigne des pèlerins est la sportelle.
C'est aussi ici que selon une version, l'épée de Roland, Durandal, aurait été transportée
par l'archange saint Michel !!!!!.
Un plat : Côtes d'Agneau du Quercy et pommes sarladaise.
Un vin : Cahors rouge cépage Malbec.